Des formes nouvelles

Plus fréquemment connus pour la production d’objets à usage courant tels les carreaux de poële, les potiers ont également crée, dès le XVIIème siècle, des objets plus atypiques comme les encriers et les écritoires en terre cuite vernissée, à glaçure verte.
La plupart du temps, les deux objets sont assemblés et n’en forment plus qu’un, comme c’est le cas ici pour cet encrier-écritoire.

L'encrier écritoire

L’encrier proprement dit, de forme rectangulaire, présente trois orifices circulaires, deux ouverts pour accueillir des godets d’encre, le troisième fermé mais percé de petits trous, destiné à recevoir du sable fin, qui permettait, à la manière d’un buvard, de sécher l’encre rapidement.
Le socle de l’encrier est prolongé vers l’avant par une petite avancée fermée par un rebord, permettant de loger une plume ou un crayon.
Enfin, sur l’un des côtés, vers l’arrière, on trouve un étroit petit tiroir en étain, permettant de cacher des papiers.

Le décor

La partie encrier présente un décor figurant les quatre évangélistes accompagnés de leurs attributs respectifs.
A l’avant et à l’arrière, saint Jean et l’aigle et saint Matthieu et l’ange; sur le côté gauche, saint Marc et son lion et sur le côté droit, saint Luc et le taureau.
Chaque évangéliste, désigné par ses initiales, est encadré par deux piliers architecturés à l’antique, mais à visages humains, qui structurent la composition.
La petite avancée faisant écritoire affiche un décor végétal sur les côtés aux rebords chantournés et présente une tête d’ange dans des entrelacs géométriques en façade.

L'Origine

L’aspect général et le décor de cet encrier écritoire font penser aux carreaux de poële produits en Alsace et en Allemagne à la même période.
On peut les comparer notamment aux carreaux de poële de la « série des apôtres du Rhin supérieur » trouvés à l’occasion de fouilles archéologiques à Karlsruhe -Durlach, dont des variantes sont également connues en Alsace. C’est l’un des motifs les plus usités depuis le milieu du XVIème siècle.
Outre l’aspect général similaire avec une même terre cuite vernissée de couleur « verte », on retrouve dans le décor, une similitude dans la façon de représenter les figures d’apôtres/d’évangélistes ainsi que dans les piliers architecturés mais à visages humains, qui découlent dans les deux cas, des théories de Vitruve, selon lequel les colonnes seraient dérivées du corps humain.