Ce groupe de Portement de Croix en chêne, illustre l’épisode durant lequel Jésus, après avoir été condamné à mort, entame sa montée au Calvaire. En chemin, Simon de Cyrène, réquisitionné par les soldats, l’aide à porter sa Croix.
Jésus, vêtu d’une longue tunique et ceint de la couronne d’épines, porte la partie supérieure de la Croix , au niveau du patibulum ou partie transversale, courbé sous son poids.
Derrière lui, Simon de Cyrène soutient des deux mains l’autre extrémité de la Croix. Vêtu d’un manteau et couvert d’un capuchon, il semble en pleine méditation.

Le Thème

Cet épisode de la Passion, est précédé de l’Ecce Homo, scène durant laquelle Ponce Pilate, présente Jésus à la foule, pour décider qui, de lui ou Barabbas, sera sauvé, et suivi de la Crucifixion, devenue le symbole du Christianisme.
La représentation de l’ensemble de ces scènes de la Passion, correspond à une dévotion nouvelle  pour le Chemin de Croix, encouragée par l’octroi d’indulgences et instituée et propagée par l’ordre franciscain, gardien du Saint Sépulcre à Jérusalem depuis le XIVème siècle. On met en scène sept puis quatorze « stations » que les artistes fixeront dans des scènes vivantes, comme c’est le cas ici.

Un fragment de retable sculpté

Ce groupe sculpté faisait à l’évidence partie d’un retable monumental, comme en attestent la taille des personnages, les trous de fixation présents sur la terrasse ainsi que les bords rectilignes de part et d’autre, montrant que le groupe s’insérait dans un ensemble.
De manière plus précise, la marque de garantie apposée sur la tête du Christ, permet de situer l’origine géographique du groupe : Il s’agit d’une main coupée caractéristique des productions anversoises. Elle rappelle la légende du géant qui, rançonnant les bateliers de l’Escaut, coupait la main de ceux qui ne pouvaient lui payer tribut.

Les productions d'Anvers

Entre la fin du XIVème et le milieu du XVIème siècle, des centaines de retables destinés à orner églises et chapelles, furent réalisés dans les centres de production du Brabant : Malines, Bruxelles et Anvers.
La règlementation concernant la fabrication des retables diffère peu selon les centres.
A Anvers, c’est la guilde saint Luc, regroupant peintres et sculpteurs, qui encadre la production à l’aide d’ordonnances. Elle contrôle chaque étape de fabrication : le choix des matériaux, les conditions de réalisation de la polychromie et valide le travail effectué en apposant la marque de garantie, brûlée dans le bois, ici, sur la tête du Christ.
L’attribution à la région du Brabant, et plus particulièrement aux ateliers anversois de ce groupe se confirme également dans des détails stylistiques tels que la technique du motif a sgrafito employée sur la tunique du Christ ou bien encore dans la façon un peu simpliste de traiter les visages, caractéristique d’Anvers, d’une manière générale.
D’autres éléments, comme les caisses du retable proprement dit ou les autres reliefs sculptés, aujourd’hui disparus, nous auraient permis d’affiner encore notre connaissance des caractéristiques techniques de montage ou d’assemblage des retables anversois.