Le petit mobiletto ou crédence italienne présenté ici, fait partie des nombreux objets miniatures réalisés au cours des siècles passés en Europe.
Au-delà de l’émerveillement suscité par leurs petites dimensions, leur qualité d’exécution ou la diversité des matériaux employés, il est intéressant de connaître la fonction de ces objets.
On peut distinguer plusieurs raisons ayant présidé à la création de ces objets.

Les chefs d'oeuvre de maîtrise et de compagnons

Dès le Moyen Age, les différents métiers sont organisés en associations désignées sous différents vocables : confréries, corporations, guildes, etc……
Les chefs d’œuvre représentent l’aboutissement de l’apprentissage (six ans environ) et du compagnonnage (trois ans environ) : la personne présente alors un chef d’œuvre ou un travail de réception, pour passer « maître » ou « compagnon » dans sa partie.
Il témoigne de la formation du postulant, du temps passé à cette réalisation et de la qualité de l’œuvre.
La plupart de ces chefs d’œuvre sont anonymes à de rares exceptions près.

Les modèles ou maquettes

La réalisation de mobilier ou d’objets usuels dans de petites dimensions, comme modèles de présentation, permettaient aux futurs clients, de se rendre compte de ce que donnerait la pièce finie et éventuellement de faire modifier certains détails.
En effet, l’essor économique à partir de la Renaissance favorise la création de nouveaux modèles de mobilier, d’objets divers et variés, tandis que parallèlement, les demeures se dotent d’une série de pièces aux fonctions très précises : chambres, salons de musique, salle à manger, etc……., qu’il convient de meubler ou de décorer.
Ces modèles ou maquettes sont réalisés en bois, en terre cuite, en cire. Ils sont plus ou moins aboutis selon l’importance du commanditaire ou de la clientèle.

Les réalisations de loisir ou de délassement

Parallèlement aux œuvres réalisées à usage professionnel, on trouve également des pièces exécutées en remerciement, en gage d’amitié ou d’amour. Les menuisiers et ébénistes de l’Est avaient ainsi comme coutume d’offrir à leur fiancée une commode de modèle réduit pour ranger leurs effets précieux.
Il peut également s’agir pour l’artisan ou l’amateur d’un « violon d’Ingres », sans autre but que de s’exprimer ou de démontrer sa virtuosité.

Le mobiletto présenté ici, ouvrant à deux portes et deux tiroirs, repose sur quatre pieds, ceux de devant présentant des pattes de lion. Il est orné de part et d’autre des ouvertures, de mascarons à têtes de grotesques en partie haute et de pilastres ornés de blasons en partie basse.
Une ceinture à motifs de tore sépare la partie supérieure de la partie inférieure, tandis qu’une autre frise souligne la partie inférieure.
Il s’agit à l’origine de meubles à usage courant, plus ou moins ornés, plus ou moins travaillés : on peut donc supposer qu’il a été vraisemblablement réalisé comme modèle de présentation.