La sculpture figurée ici est un Christ assis, vêtu d‘un périzonium, les mains et les pieds liés par une corde. Sa tête, penchée sur le côté, est ceinte d’une large couronne d’épines.
On l’appelle communément « Christ aux liens », « Christ de Pitié » ou « Christ de dérision » et l’épisode dont il s’agit, se situe après l’Arrestation du Christ et avant la Crucifixion, au moment du Procès.
Selon les Evangiles, on distingue deux procès de Jésus : le procès religieux (selon la loi juive) et le procès politique (selon la loi romaine).
Jésus comparaît donc devant deux juridictions :
– Celle du Sanhédrin qui le condamne comme blasphémateur pour avoir dit qu’il était le Messie et Fils de Dieu.
– Celle du Prétoire qui le condamne comme fomenteur de troubles et pour s’être intitulé « Roi des juifs ».
Ce double procès s’explique par le régime politique qui régissait la Judée, devenue province romaine.
La condamnation à mort prononcée par le Sanhédrin ne devenait effective qu’après ratification par le gouverneur romain, seul habilité à juger en dernière instance, une affaire de droit commun.
Le Procès Religieux
D’après l’Evangile de Jean, les soldats romains, après avoir saisi Jésus et lui avoir lié les mains, le conduisent devant le grand prêtre Anne. Celui-ci, sans l’interroger, l’envoie chez son gendre, Caïphe, grand prêtre, qui présidait le tribunal religieux appelé Sanhédrin.
Caïphe demande à Jésus s’il prétend être le Fils de Dieu et devant sa réponse s’écrie : « Il a blasphémé ». Le Sanhédrin prononce alors la peine de mort et livre Jésus à ses tortionnaires.
Ici, intervient la Première Dérision du Christ :
– Jésus a les yeux bandés ou la tête couverte d’un voile.
– Il a les mains liées avec une corde, comme on peut le constater ici.
– Il est bafoué par les juifs qui le frappent à coups de poings, de bâtons et de cordes et lui crachent dessus.
Le Procès Politique
Après sa comparution devant le Sanhédrin, Jésus est amené devant le tribunal civil romain, présidé par le procurateur de Judée, Pontius Pilatus ou Ponce Pilate.
Soucieux de ne pas s’immiscer dans une « querelle de juifs », Ponce Pilate envoie Jésus devant le tétrarque de Galilée, Hérode Antipas. Mais celui-ci se récuse et renvoie Jésus au Prétoire, devant Pilate.
Interrogé par Pilate, Jésus confirme qu’il est bien le roi des Juifs.
Après avoir vainement tenté de relâcher Jésus en condamnant Barabbas, Pilate se lave les mains de la décision du peuple et condamne Jésus à être crucifié.
Jésus est alors flagellé, étape « ordinaire » avant toute crucifixion : attaché à une colonne, il est frappé de quarante coups de verge, chiffre usuel prescrit par la loi hébraïque.
Ici, se place la Deuxième Dérision du Christ :
– Jésus a le visage découvert, comme sur cette sculpture.
– Assis sur une pierre, il est ceint de la couronne d’épines et tient parfois à la main, un roseau en guise de sceptre.
– Il est livré aux outrages des soldats romains.
« Es-tu Roi des Juifs ? » Devant sa réponse, les soldats le couvrent d’un manteau de pourpre, le font asseoir et lui enfoncent sur la tête, une couronne faite d’épines de Judée. Ils l’affublent d’un roseau en guise de sceptre et plient le genou devant lui en disant : « Salut, Roi des Juifs ».
Pilate présente ensuite Jésus à la foule en disant « Voici l’homme » ou Ecce Homo.
Ce thème du Christ de Dérision se répand à la fin du XVème siècle dans les représentations artistiques, sous le terme générique de Christ aux liens ou Christ de Pitié.
Dans un souci de synthèse, les sculpteurs mêlent indifféremment les détails iconographiques des deux dérisions, pour n’en faire qu’un épisode, le plus marquant possible pour le spectateur, comme on le voit ici.