Cette technique semble avoir été conçue dès l’Antiquité, autour du bassin méditerranéen. Pour preuve des perles de verre retrouvées et datées aux alentours des Vème – IIIème siècles avant J.C.

Concrètement, on utilise des baguettes de verre que l’on vient chauffer à la flamme d’un chalumeau. Le verre se ramollit à la chaleur, devient malléable et peut être étiré en fil, d’où son nom de verre filé. Le même procédé demeure en vigueur jusqu’à aujourd’hui.

C’est en Italie et notamment à Venise à partir du XVème siècle, que des grands centres verriers vont développer la technique du verre soufflé et filé pour fabriquer verres fins, perles et baguettes de verre, destinés à être exportés dans toute l’Europe.

De Grands Mécènes

Ultérieurement, certains grands collectionneurs ou mécènes vont faire venir des artisans verriers et émailleurs, afin de favoriser l’installation et le développement de cet art au sein de leur cour.

C’est notamment le cas de Ferdinand II de Tyrol (1529 – 1595), archiduc d’Autriche et gouverneur de Bohème, région connue pour sa tradition du verre soufflé.

Il fonde vers 1570, à Innsbruck, une verrerie dirigée par des artisans de Murano et produisant des objets divers : tableaux reliquaires pourvus les cadres en baguettes de verre, bijoux, coffrets ornés de plaques de verres et des figurines religieuses ou profanes. Elle perdurera jusqu’à sa mort.

En France, c’est sous l’impulsion de Louis IV de Gonzague (1539 – 1595), prince de Mantoue, qu’un centre de verre filé voit le jour à Nevers, d’où l’appellation connue de « verre filé de Nevers ». Le prince est en effet l’époux d’Henriette de Clèves, duchesse de Nevers et il y installe sa cour, suivi de nombreux artisans venus d’Italie.

D’autres centres verront le jour à Paris, Orléans, Saumur et Saint-Germain-en Laye, mais l’appellation demeurera à Nevers, qui va fournir la matière première aux centres secondaires.

Les thèmes des verres filés de Nevers

A partir d’une structure de fils de cuivre et de fer, on modèle à la pince, des baguettes de verres ramollies pour façonner des figurines humaines :  On trouve des figurines religieuses (saints, scènes de la vie du Christ ou de la Vierge), comme le saint Antoine (?) que nous présentons ici, des figurines profanes issues de la mythologie (Diane chasseresse) ou de la vie quotidienne (berger, paysanne) : C’est le cas du joueur de flûte, de la petite dame au chapeau et du couple de personnages vêtus de blanc et jaune.  On y voit également des personnages de la Commedia dell’Arte, tel le Pierrot exposé ici.

Il existe enfin des ensembles appelés « paradis », mêlant sujets profanes et religieux et prenant place au sein d’architectures élaborées, dans des boîtes. Les figurines animales sont réalisées en verre soufflé, mais sans armature.

La production de verres filés de Nevers connut un véritable engouement jusqu’à la fin du XVIIIème siècle, générant aussi bien des commandes princières ou royales que des productions plus modestes, selon le savoir-faire des maîtres verriers.