En Alsace, mais également en Flandre, le travail du vin est depuis toujours l’objet de toutes les attentions : ceci explique dans doute le soin tout particulier apporté au décor des verrous de tonneaux.
Ceux-ci, quelle que soit leur contenance (fillette, muid, tonne, pipe, ou foudre, etc….) possèdent un petit portillon qui permet d’aller nettoyer l’intérieur du fût. Cette petite ouverture est maintenue par une barre de bois appelée verrou ou clef de tonneau, très souvent sculptée de motifs emblématiques liés à la figure de Bacchus ou Dionysos.
Le verrou peut être sculpté à chaque extrémité ou bien sur tout le dessus de la pièce, comme c’est le cas ici.

La galerie en présente deux exemplaires très différents, de par leur iconographie et leur époque

Le premier (ci-dessous) présente deux figures de dauphins affrontés, les gueules ouvertes et les queues entremêlées, en référence directe à l’histoire de Bacchus ou Dionysos

« Dionysos, ayant emprunté un navire pour aller à Naxos, s’aperçut que les marins se dirigeaient vers l’Asie, pour le vendre sans doute comme esclave.Alors, il transforma leurs avirons en serpents, remplit leur navire de lierre et fit retentir le son de flûtes invisibles.Il paralysa le navire dans des guirlandes de vigne, si bien que les pirates, devenus fous, se précipitèrent dans la mer où ils devinrent des dauphins, ce qui explique que les dauphins soient les amis des hommes et s’efforcent de les sauver, dans les naufrages, car ce sont des pirates repentis. » Dictionnaire des symboles

Porteur d’une iconographie plutôt rare, ce verrou est encore du XVIIème siècle.

Le deuxième (ci-dessous) donne à voir une scène de cabaret avec un couple attablé et trinquant joyeusement. On peut le dater de la fin du XVIIème ou du début du XVIIIème siècle et le situer en Alsace ou bien dans les Flandres. La scène fait effectivement penser aux scènes de cabaret si bien décrites par Brueghel ou Teniers.